Friction franco-allemande Friction franco-allemande
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La relation franco-allemande est une histoire de couple, finalement assez banale, avec son passé simple et son présent compliqué.
Tout commençait bien. Dès le début de la Pac, il y eut des intérêts convergents. Si l’architecture de la Pac fut française, le niveau élevé des prix d’intervention des céréales était une demande allemande pour soutenir leur production. Français et Allemands ont été unis dans l’adversité, comme en 1997, lorsque la Commission lança une procédure d’infraction contre le label « qualité France » et son miroir allemand « Markenqualität aus Deutschen Landen » (la qualité venue d’Allemagne). Les deux États sont parvenus à faire reculer la Commission européenne sur l’abandon de l’encadrement du régime des plantations de vigne.
La France et l’Allemagne se sont entendus. Mais force est de constater qu’ils ne s’entendent plus très bien. Certes, les piques ne sont pas officielles et viennent du privé. Pour la deuxième fois, la filière porcine française a déposé un recours devant la Commission pour dénoncer les distorsions de concurrence. En 2011, l’affaire concernait le dumping social lié à l’emploi massif d’étrangers sous-payés. Cette fois, la filière dénonce la fraude à la TVA. De son côté, il y a quelques mois, la fédération laitière allemande dénonçait certaines mesures « inacceptables » annoncées par le ministre français, notamment la préférence pour les produits nationaux.
Vu de Bruxelles, chaque camp a de bons arguments. L’Allemagne avance l’histoire de la paille et de la poutre : on voit toujours les avantages des autres sans voir les siens. Quand on prend tout en compte, notamment le prix et le régime fiscal de l’énergie, les comparaisons ne montrent pas d’avantage particulier pour l’Allemagne.
Jusqu’où les conflits catégoriels peuvent-ils empoisonner les relations officielles ? Car les deux pays ont besoin l’un de l’autre (en vérité, c’est surtout la France qui a besoin de l’Allemagne, mais bon…). Attention à ne pas aller trop loin. Depuis vingt ans, Berlin fait la pluie et le beau temps dans l’Union. Des enjeux majeurs peuvent opposer les deux pays. L’Allemagne est très remontée contre le verdissement. De même, dans la négociation du TTIP, on a des doutes concernant l’implication de nos voisins sur les indications géographiques mais, surtout, on n’en a aucun sur l’élevage viande. L’Allemagne abandonnera sa filière d’élevage sans état d’âme si la négociation l’y conduit. Deux dossiers chers aux Français. L’idée est de faire le tri entre les conflits particuliers, justifiés, et les alliances d’États, nécessaires.
C’est sur ce constat amer, et pour tenter de renouer le fil, que l’ambassadeur d’Allemagne, lors d’une audition au Sénat, a suggéré une rencontre entre les présidents des deux principaux syndicats agricoles français et allemand. L’accueil a été frais. « On se voit régulièrement, chacun sait à quoi s’en tenir avec l’autre », répond le syndicat français, sans illusion sur ces rencontres politico-médiatiques.
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